Dans le chapitre révision des fondamentaux de la photographie, en voilà un qui mérite bien que l’on prenne le temps nécessaire à sa bonne compréhension. Et justement, c’est du temps qu’il s’agit. Non pas celui qu’il fait (bien que la météo soit un facteur à ne pas négliger en photographie), mais le temps d’exposition, autrement appelé « temps de pose » autrement appelé « durée d’exposition » autrement appelé «vitesse d’obturation ». Ouf ! Tous ces termes pour exprimer une seule et même chose : le temps (long ou court) pendant lequel l’obturateur de votre appareil va être ouvert et donc laisser passer la lumière qui ira toucher le capteur. Car sans lumière pas de photo, mais ça tout le monde l’a déjà compris.

temps d'exposition

Le temps d’exposition, c’est quoi ?

Commençons par mettre une définition derrière les mots. L’obturateur est un système intégré à l’appareil photo qui peut s’ouvrir et se fermer, permettant ainsi à la lumière d’aller (ou non) toucher le capteur qui est, lui, un composant photosensible, successeur moderne de la pellicule sur un appareil numérique.

Comment ça marche ?

Sur le papier, le temps d’exposition est assez simple. Obturateur fermé, aucune lumière ne passe. Obturateur grand ouvert, un maximum de lumière va toucher le capteur. Et entre les deux, d’infinies possibilités, et mêmes subtilités pourrons-nous dire, quand nous en serons au stade de jouer avec la vitesse d’obturation pour créer des effets. Mais patience, il s’agit déjà de maîtriser et de comprendre. Bon à savoir : la plus petite vitesse correspond à quelques millièmes de secondes quand la plus grande se compte, elle, seulement en secondes, voire en minutes (avec le matériel adapté cela va de soi).

Résumons :

Un temps de pose court signifie que l’obturateur s’ouvre et se ferme à grande vitesse, ce qui induit une quantité de lumière moindre sur le capteur. A l’opposé, un temps de pose long suppose que l’obturateur se ferme et s’ouvre plus lentement pour laisser passer une plus grande quantité de lumière.

Exercice :

Choisissons une pièce, une chambre par exemple ou encore mieux une cave, dont nous aurons au préalable soigneusement fermé toutes les ouvertures, y compris (et surtout) la porte. Maintenant, la main sur la poignée de cette porte close, ouvrons là et refermons là aussi sec. Qu’avons-nous vu de la pièce ? Pas grand-chose. Tout au plus un ou deux éléments, et ceux qui auront été directement éclairés par le rai de lumière entrant suite à l’ouverture de la porte. Cette vision partielle et confuse correspond à ce qu’aurait « vu » le capteur de l’appareil photo. Nous avons fonctionné en « vitesse d’obturation élevée ».

Refermons et ré-ouvrons la porte, cette fois avec plus de lenteur, et en la gardant ouverte plus longtemps. Notre œil va réussir à capter un plus grand nombre de choses, même si un certain nombre d’éléments demeureront plus ou moins dans l’ombre. Nous avons utilisé une « vitesse d’obturation plus lente ».

Le processus est le même avec l’appareil photo. La quantité de lumière touchant le capteur mais aussi la vitesse avec laquelle l’obturateur s’ouvre et se ferme va conditionner le résultat : plus l’obturateur s’ouvre et se ferme vite, moins le capteur pourra enregistrer de détails. Et vice-versa.

En quoi la vitesse influence-t-elle la qualité d’une photo ?

Au-delà du fonctionnement technique de l’obturateur et du capteur, il nous faut tenir compte du contexte et de la quantité de lumière qui y est associée pour définir son temps d’exposition.

Sur et sous exposition

Ainsi, en situation de lumière faible, plus l’obturateur de l’appareil se fermera et s’ouvrira vite, plus la photo sera sombre. Une vitesse très rapide dans un contexte sombre donnera donc une photo noire (ce qu’on appelle la sous-exposition).

A l’inverse, une vitesse lente en situation de lumière intense enverra une lumière trop vive au capteur, qui produira alors une image blanche (c’est la surexposition).

Ce sont là les deux cas extrêmes des photos évidemment totalement ratées. Mais cela permet au moins de comprendre à quel point le lien entre lumière et vitesse d’obturation est intime : plus on va augmenter la vitesse, plus la quantité de lumière allant toucher le capteur sera faible. Plus on réduira la vitesse, plus la quantité de lumière sera importante.

CQFD : quand il y a peu de lumière, on choisit une vitesse lente. Et quand la lumière est forte, on va vite pour réduire la quantité de lumière qui ira toucher le capteur !

Vitesse d’obturation et mouvement

Au-delà de la quantité de lumière qui caractérise le contexte dans lequel nous allons prendre notre photo, il y a évidemment le sujet de la photographie lui-même, ainsi que l’ensemble des éléments qui composent son environnement. Ainsi, nous pouvons décider de photographier un objet, par nature statique, ou un sujet en mouvement (une personne, un animal, de l’eau qui coule ou un arbre secoué par le vent).

Selon la quantité de lumière qui ira toucher le capteur de l’appareil (trop ou pas assez), un objet inanimé sera soumis à la sur ou sous exposition. En va-t-il de même avec un sujet en mouvement ? Oui à la différence près que selon le réglage de la vitesse (rapide ou lente), la photo d’un sujet en mouvement sera nette ou au contraire… Floue !

Pourquoi ? Pour le capteur de l’appareil photo, ce qui bouge est flou. Donc si le capteur de l’appareil a le temps d’enregistrer le mouvement, il le traduira par un manque plus ou moins prononcé de netteté. Au contraire, si le capteur n’a pas le temps de percevoir le mouvement la photo sera nette, car le mouvement aura été « zappé » par le capteur. Il semblera donc arrêté, comme figé.

Dans le langage de la vitesse d’obturation, cela se traduit ainsi : plus l’obturateur se refermera vite, moins le capteur pourra percevoir le mouvement. Et au contraire, plus la vitesse sera lente, plus le capteur pourra saisir le mouvement, qu’il traduira en flou.

Déterminer la juste vitesse

Si l’on choisit de régler manuellement la vitesse, on devra donc faire avec ces deux données majeures que sont un la quantité de lumière et deux la gestion du mouvement du sujet photographié. Alors, comment doser justement la lumière et la perception du mouvement par le capteur, et parvenir à régler correctement cette fameuse vitesse d’obturation ? Une fois de plus, nous constaterons rapidement qu’en photographie, il n’y a pas de règle absolue. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise vitesse.

Alors, tout ça pour ça ? Non, car pour comprendre le temps d’exposition, il faut comprendre la vitesse d’obturation. C’est la pratique qui nous apprendra le reste, à savoir qu’il faut toujours faire des concessions avec deux éléments majeurs :

  • Les conditions : intensité de la lumière, nature du mouvement du sujet (sachant qu’on peut avoir sur une même composition un élément en mouvement et un autre statique) :
  • Le résultat que l’on veut obtenir : un sujet central statique dans un contexte en mouvement par exemple, ou un élément de premier plan en mouvement mais net avec un fond de scène flou etc.

Pas de règle absolue pour le temps d’exposition. Si ce n’est celle que : plus on va pratiquer, plus on parviendra à avoir les bons réflexes. C’est d’une banalité déconcertante, ça s’appelle tout simplement l’expérience !


Comment régler son appareil pour se lancer dans l’apprentissage de la vitesse ?
On le passe en « Priorité Vitesse » et c’est parti ! Enfin, non… Sauf si on veut se lancer directement dans le grand bain du tout manuel (très osé quand on est néophyte), on vérifie que le réglage de l’ouverture du diaphragme et celui des ISO sont en mode automatique. Soyons indulgents et patients avec nos capacités quand même !